
Savinien Orel,
Voleur de mots
Né à Bergerac le premier avril 1945, Savinien Orel a grandi à l'ombre de son mentor, le formidable Cyrano, avec dans la poitrine le souffle de la Libération et dans les veines une encre implacable, tantôt furieuse et tantôt sereine, mais qui ne peut que s'écouler hors de lui pour recolorer un monde aux couleurs qui passent bien trop vite.
Pas loin de penser qu'il est comme son maître une créature de plume et de papier taillée pour l'aventure, il arpente les terres de l'imagination en quête de prouesses romanesques qu'il enfile page après page au collier de sa Pléiade personnelle.
Ce site est donc une vitrine pour les exploits de ce héros hors normes qui arrache au silence les mots de l'existence.
Une enfance épique
Treizième enfant d'un couple remarquable de Bergerac, Savinien est très tôt voué par provocation contre les superstitieux à accomplir des miracles. Poussé en avant par un père libraire qui le tient quotidiennement en haleine par la lecture enthousiaste de tous les trésors de la littérature, il sait lire et écrire à l'âge de cinq ans. Tiré vers le haut par une mère chirurgienne de guerre qui court les champs de bataille, il a posé le pied sur tous les continents à l'âge de dix ans et maîtrise alors 5 langues différentes : le français, bien sûr, mais aussi l'anglais, le russe, l'espagnol et le chinois. Emporté par ses propres penchants passionnés, il s'illustre dès la seconde guerre mondiale en suscitant la révolte de toute la Gascogne, qui se libère en quelques jours seulement de l'occupant nazi. Il se chante encore par les campagnes quelques bribes d'une de ses fameuses chansons de l'époque improvisées dans le maquis :
Il a vendu la France,
Prétendu la sauver,
Mais il l'a sacrifiée
Pour une horrible danse :
Un macabre tango
Avec la Gestapo,
Cabeceo honteux
À contretemps des dieux.
Putain de Pétain ou Le Tango de la Gestapo, 1944, Savinien Orel.
Une vie rocambolesque
À peine le baccalauréat en poche, il s'embarque comme matelot à douze ans pour un tour du monde en bateau. Il s'y fait remarquer à de nombreuses reprises en repoussant des pirates et en participant à plusieurs révolutions contre des dictateurs d'Amérique du Sud et d'Indonésie.
À quinze ans, de passage en Australie, il y rencontre une chamane aborigène cheffe de tribu et sculptrice sur sable qu'il épouse cinq ans plus tard en repassant par l'Océanie. Ensemble, ils entreprennent alors un périple en dromadaire à travers toute l'Asie. La légende raconte qu'ils se marieront 267 fois en tout, une fois chez chaque peuple chez qui ils séjourneront afin de respecter les coutumes locales et célébrer un amour qui ne faiblira pas.
En 2015, âgé de 70 ans et veuf depuis quelques années, depuis que son épouse a péri dans le naufrage d'un sous-marin chinois à bord duquel elle était embarquée comme consultante pour ses connaissances sur l'Océanie et interprète de la voix des esprits sous-marins, Savinien Orel est venu terminer ses jours dans son manoir de Bergerac, où il s'est éteint le sourire aux lèvres son jour de prédilection : le premier avril.